Encore.
Je passe et repasse mon doigt, encore et encore. Les vagues que je crée me fascinent.
Elle rit. Elle me dit d’arrêter, elle se sent gênée.
Je proteste et m’entête. Je la caresse doucement. J’observe les plis qui se font et se défont. Sa peau est si douce, si fine et si fragile. Elle semble si différente de la mienne que j’ai du mal à y croire.
Elle proteste encore un peu, pour la forme, mais elle me laisse faire, pleine de bienveillance.
Je dessine des petits ronds, des lignes qui se suivent ou qui se croisent. Je fais des expériences. J’augmente légèrement la pression puis je la relâche. J’appuie encore, un peu plus et je bifurque, brusquement. Je suis les méandres de ma curiosité.
Elle me regarde avec tendresse et attend, patiemment, que j’en ai terminé avec mon exploration. Son temps m’est dédié, elle n’a pas autre chose à faire. Elle me sourit.
Je crois qu’elle aime bien, finalement, que je lui tripote la main. Je ne sais pas trop. Mais j’en profite, tant qu’elle ne dit rien c’est que je peux continuer mes indiscrétions.
Ce que je ne sais pas encore, c’est que sa peau est sage, aussi sage qu’elle, patiente, attentive et généreuse. Elle est un peu trop douce, un peu trop sèche, un peu trop tachetée , un peu trop lointaine.
Ce qu’elle sait depuis longtemps, c’est que je dois goûter cela. Pour grandir, pour mûrir, pour vieillir. Bien.
Aujourd’hui, la peau du dessus de ma main s’affine, elle n’est plus si ferme et tendue qu’alors. Avec mon doigt, je la fait se plisser, je crée des vagues, encore et encore, et je suis, encore, fascinée.