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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 08:37

L’évocation romancée des dix derniers jours de Nicolas de Staël.

 

Denis La bayle, écrivain et médecin engagé, en faveur des initiatives qui changent la société (prises de positions sur le 11 sept 2001 dans Le Monde, critique remarquée de l’univers carcéral, auteur d’un recueil de nouvelles sur la relation soignant-soigné : « Le médecin qui voulait être magicien » ainsi que de plusieurs romans : « Cruelles retrouvailles », « Parfum d’ébène » ou encore « Ton silence est un baiser ») s’intéresse aujourd’hui au processus de la création.

Jack Tiberton, journaliste au Washington Tribune, va suivre le peintre Nicolas de Staël pendant les dix derniers jours de sa vie. Dix jours pendant lesquels il sera le confident du peintre, le témoin des méandres de la création et des souffrances permanentes que peut engendrer le succès. Après avoir assisté en sa compagnie à un concert au Théâtre Marigny, à Paris, une œuvre d’Anton Webern, il voit le peintre bouleversé à tel point qu’il n’aura de cesse, compulsivement et jusqu’à l’obsession de rendre son émotion sur une immense toile, « Le concert », censée faire écho à tous les sens… il veut peindre la musique.

« Sur ma toile, on ne verra pas un seul musicien, mais on les entendra. Je ne peindrai que des instruments. Et encore, ébauchés, suggérés, mais assez agencés pour que l’orchestre puisse jouer… Je vous le promets, cette toile fera date dans mon histoire et, qui sait, dans celle de la peinture. Je ne sais pas encore quelles couleurs je vais utiliser, ni quelle construction je vais choisir, mais le but est clair : je veux que l’œil entende. Vous avez bien saisi : que l’œil entende… Je le reconnais, c’est un pari fou que j’ai bien l’intention de gagner, car cette œuvre marquera une rupture dans mon évolution. Peut-être qu’après je m’arrêterai de peindre définitivement… ou tout au moins pour un temps.  – Votre projet est passionnant, mais de là à jouer votre avenir.  – Je veux atteindre le point où les sens se rejoignent. »

Le journaliste découvre avec passion la recherche d’absolu de cet artiste considéré comme l’un des plus talentueux de la France d’après guerre. Et nous, lecteurs, sommes avec lui, fascinés par cette réflexion passionnante sur les doutes de l’artistes, ses motivations, ses tortures et ses moments de découragement, sa solitude profonde.

 « Soudain, je prends conscience d’avoir vraiment assisté à la création d’une œuvre exceptionnelle, et qu’en m’offrant le privilège d’en rapporter l’histoire ce peintre de génie me permet de larguer les amarres de ma propre médiocrité. Et là, pour la première fois, en fixant la toile, j’entends une musique. Une musique lointaine, en sourdine, comme un orgue avec des violons, et un piano peut-être, des voix, un chœur… »

Nicolas de Staël se jette de la fenêtre de son atelier le 16 mars 1955, laissant derrière lui le rouge incandescent de son dernier tableau, « Le concert ».

Denis Labayle nous offre un voyage dans l’avant-garde artistique des années cinquante, dix jours fictifs (ce journaliste n’a jamais existé, cependant les faits historiques sont bien réels : Nicolas de Staël a bien assisté à ce fameux concert qui a bien inspiré son ultime œuvre) mais très documentés, l’auteur s’étant inspiré de nombreuses lettres de l’artiste, de ses biographies ou de textes liés à l’époque. Un roman qu’on ne lâche pas avant la dernière page, et, quand on l’a terminé que l’on emporte avec soi afin d’aller très vite admirer les toiles de Nicolas de Staël en vrai, si on a la chance d’en avoir près de chez soi… (De nombreuses toiles au Centre Georges Pompidou à Paris, « Le concert » au musée Picasso à Antibes).

 

Rouge majeur, de Denis Labayle, éditions Panama, 179 pages, 17€

Pour lire l'article dans son contexte original, cliquez ici.

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